Alain nous fait récit de ses deux courses
Après une année 2020 privée de compétition, cette saison se termine pour moi sur de gros enjeux sportifs : les championnats du monde de duathlon organisés à Avilès, en Espagne sur le site exceptionnel du Centre Oscar Niemeyer.
Après nombre d’entrainements fonciers puis spécifiques au cours des mois précédents, derniers préparatifs avec visualisation du profil des parcours et du profil des inscrits.
Les parcours : ils semblent tant en course à pied qu’à vélo assez roulants et sans grosses difficultés apparentes, hormis sur le standard une grosse bosse de 300 mètres avec une pente maxi à 17% (il y a deux tours, donc à grimper deux fois …).
Les inscrits : nous sommes 14 sur le sprint et 5 sur le standard. A l’occasion de courses précédentes, j’ai été confronté à nombre d’entre eux et notamment à Leite, un portugais qui m’avait aimablement laissé finir 4ème au sprint des championnats du monde d’Odense en 2018, lui-même se ”contentant” de la 3° place … Il y a aussi un norvégien qui semble être proche de ce niveau. Et puis aussi un américain et un espagnol sans références ITU dont on ne peut a priori jauger le niveau. La concurrence s’annonce donc rude et je serais ravi de pouvoir seulement grimper sur la boite.
Samedi 6 novembre: Journée du sprint (distances officielles : 5,1-21,2-2,8). Objectif : dans la première CAP, rester le plus près possible de Leite que je considère comme mon concurrent n°1 afin de profiter de la première transition et du vélo (je suis un peu mieux que lui sur cet exercice) pour espérer entamer la deuxième CAP avec une marge suffisante (il court mieux que moi, surtout en fin de parcours). Mais déception. Malgré mon départ très rapide, il est déjà loin devant au premier kilomètre que j’atteins en 4’30. Je m’en doutais, certes, mais pas à ce point là. Au demi-tour à 2,5 km, je constate qu’il est seul devant moi, et donc que je suis second. Mais aussi que l’écart se réduit : il semble faiblir. Hypothèse confirmée à l’entrée du parc à vélo où nous arrivons en même temps. Une transition rapide puisque je ne change pas de chaussures et je ressorts du parc en tête. Mais après 400 mètres, un incident d’orientation m’oblige à m’arrêter, puis à faire marche arrière avant de repartir dans la bonne direction. Alors, combien sont-ils à m’avoir passé à cause de ce problème ? Je ne dépasse personne de mon gr
oupe pendant le vélo et rentre donc au parc dans l’expectative. Mais lorsque je pose mon vélo en constatant qu’il n’y en a pas d’autres dans le coin des anciens, j’ai la réponse à ma question. Je suis devant. Oui mais les suivants sont où ? A 15 secondes ou à 3 minutes ? Mon avance me permettra-t-elle de résister au retour des bons coureurs à pied ?
Une deuxième course à pied bien stressante, car comment ne pas imaginer en entendant le bruit des foulées dans mon dos (je me f
ais doubler par nombre de jeunes féminines parties 5 minutes après nous) qu’il ne s’agit pas de mes poursuivants. Bon, la ligne d’arrivée est là, je pense avoir gagné et voir arriver progressivement mes concurrents me conforte dans
cette option. Le classement officiel ne sera publié que plus tard dans la journée et permettra de constater que le portugais Leite est à 3 minutes et l’américain Kirk à 6 minutes. Mon avance sur Leite réalisée exclusivement sur le vélo confirme qu’il courre plus vite que moi.
Ce soir cérémonie des médailles pour ces mondiaux du format sprint.
Dimanche 7 novembre: jour du standard (distances officielles : 9,6-42-5). Le moral est bon : c’est tout de même le lendemain d’un jour important dans ma vie sportive. Et puis aussi parce que les performances de la veille sont encourageantes et que la course d’hier semble n’avoir pas laissé trop de signes de fatigue. Maintenant que je connais mes concurrents puisque 2 d’entre eux parmi les 4 partants courraient hier, j’ai l’esprit plus tranquille pour cette course.
Comme nous ne sommes que 4 dans mon groupe d’âge, il m’est facile de constater que dès le départ, je suis devant. Au premier demi-tour à 2,5 km lorsque nous nous croisons (aujourd’hui c’est deux tours de 5 km), je me rends compte que je suis suivi par deux anglais :Taylor à environ 30 mètres et par son compatriote Proud à 40 mètres. Ils sont beaucoup plus proches que je ne l’imaginais ? Leur résistance sera-t-elle aussi plus vigoureuse que je ne l’imaginais ?
Au second demi-tour à 7,5 km, je me rassure en voyant que l’écart s’est considérablement allongé. Et après mes 10 km de CAP, je repars en vélo relativement serein. Je dis relativement car je sais la
bosse qui nous attend (je l’ai reconnue en voiture il y a 3 jours) et je crains ne pas pouvoir la passer.
Aller roule , on verra tout à l’heure. Alors au pied de ce mur, je mets tout à gauche et en avant, debout sur les pédales, pour escalader
ce tronçon. J’avais des jambes et un braquet suffisamment adaptés puisque malgré mes craintes je suis arrivé au sommet. Dur mais réalisable. Ensuite ce fut plus simple : terminer ce premier tour avec quelques autres bosses mais plus raisonnables, puis repartir pour le second tour (même boucle de 20 km), revenir affronter le mur que je sais maintenant être maitrisable et enfin terminer ce vélo pas si facile que ça, surtout avec le froid et le vent qui commence à souffler.
Plutôt satisfait de mon vélo (j’ai dépassé pas mal de concurrents partis dans les vagues précédentes) et n’ayant pas vu de dossards de mon groupe d’âge me rejoindre, je rentre au parc à vélo sans trop de stress. Et comme la veille, je pars pour ma deuxième CAP l’esprit rassuré quand je constate, lorsque je pose mon vélo, qu’il n’y en a encore aucun dans le coin des anciens. Ces 5 km se passent normalement et même confortablement quand je ne croise personne au demi-tour, ce qui devrait vouloir signifier un écart assez conséquent sur mes poursuivants.
Et comme la veille, je termine la course sans être certain d’avoir gagné. Et comme la veille, la validation des résultats officiels n’interviendra que dans l’après-midi.
Elle confirmera également l’écart sur le deuxième, l’anglais Proud, mais que je n’imaginais pas aussi important (près de 24 minutes dont 17 prises sur le vélo).
Ce soir cérémonie des médailles pour ces mondiaux du format standard.
Et puis après, une belle soirée en famille pour fêter comme il se doit ces résultats. Et à laquelle s’est joint mon ami Pesenti qui a lui aussi réalisé ce doublé dans la catégorie des 80-84 ans.
Maintenant place au repos et à la récupération, avant de reprendre les entrainements et pouvoir commencer à établir un programme pour la saison prochaine.
Dans l’attente du calendrier de la FFTRI, on peut d’ores et déjà penser que les objectifs à venir
devraient être :
– les championnats de France courts et longs, dates et lieux non définis,
– les championnats d’Europe sprint et standard à Bilbao (Espagne) mi-septembre,
– les championnats d’Europe format long à Alsdorf (Allemagne) le 10 avril,
– les championnats du Monde format long à Viborg (Danemark) le 7 mai.
Quelques duathlons, courses sur routes et trails devraient venir s’ajouter à ces projets au cours de la saison.
Si les jambes veulent bien continuer à me porter…